Bon, d’accord, je suis le troisième de l’année, sorti bon dernier. Et le lecteur qui aura déjà mis 20 euros pour les confrères ne risque pas d’en remettre pour ma pomme. Mais qui sait ? Voudra-t-il peut-être, le gentil lecteur, en cette période de rentrée qui n’a jamais été favorable au pouvoir d’achat, surtout après des JO, du foot et du vélo qui l’ont obligé à acquérir un écran plat géant afin de mieux déceler les traces de piqûres sur les cuisses des dopés, voudra-t-il donc, l’heureux livrophile, un style fort peu caressant pour la gent pêcheuse qui fait rien que vider nos mers et nos océans ? Voudra-t-il savoir pourquoi la fuite en avant, promue par certains (la pêche est un monde d’hommes), nous conduit à une mer peuplée de bâtons de surimi ? Voudra-t-il comprendre en quoi la morue, le thon rouge et l’anchois sont les symboles de nos choix de société aberrants et de notre schizophrénie ? Oui ! Car j’y vais non mollement sur les « solutions » : réseaux de réserves marines, élevages d’herbivores ou offshore et… privatisation des quotas de pêche. C’est en marche, mais on ne le dit pas assez : les fidèles zélateurs de l’économie néolibérale, ont, avec la pêche, l’exemple qui leur manquait, illustrant la théorie de la tragédie des vaines pâtures : la mer se vide, parce qu’elle n’appartient à personne et que le poisson appartient à celui qui l’attrape. « Mieux » gérer la pêche, c’est donc privatiser le poisson. Cruelle révolution philosophique déjà entreprise en Islande et dont on cause au Ministère.
224 pages, essai, Delachaux & Niestlé, sorti le 2 octobre 2008.