» Les auteurs d’outrances et de provocations suscitent un écho très supérieur à celui des commentateurs rationnels et scrupuleux… » écrit Laurent Joffrin dans son dernier édito à propos du Point Godwin.
Dans tout domaine, en particulier l’environnement, il faut faire grossier pour être écouté. C’est simple, c’est court, c’est émotionnel, et après, on peut passer à autre chose de simple, de court et d’émotionnel.
Répondre à cela nécessite plus de temps, des argumentations construites à partir de faits établis et vérifiés. Que des nuances… peu compréhensibles par quiconque a besoin de savoir dans quel camp vous êtes. Comté ou pas Comté ? Non, c’est plus complexe que cela, je vais vous répondre, ah non, on est déjà passé à autre chose. Tiens Bayrou, forcément coupable, ou pas.
Et ce dans un pays, le nôtre, où la psyché est toujours bloquée entre 1940 et 1945. On dit merci aux Américains chaque 6 juin, on cite ou l’on fait dire à De Gaulle à tout propos, on fait référence au CNR et à ce qu’il avait décidé, la Sécu, EDF etc., on fait des films et des séries sur la guerre, on n’hésite jamais à classer les gens entre collabos et résistants, parmi les fascistes ou les progressistes etc.
Est-ce utile de bien faire son métier, honnêtement, de ne dire ses avis qu’après les avoir bien annoncés et correctement argumentés ? À quoi cela sert de cultiver l’art de la nuance (ou du second degré) dans une société qui, sur les plateaux, affiche un appétit pour le chaos ?
La polémique ridicule sur le Comté est très révélatrice de l’état du pays : alors que les choses avancent ailleurs qu’à Paris, bon an mal an, pas assez vite, il faut qu’à Paris on dise qu’elles vont mal en les enfermant dans un manichéisme.
C’est désespérant.
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