Mélenchon veut mettre les cités à la campagne

Voici un discours injustement mis de côté par mes confrères et mes consœurs. Car c’est l’avis de Jean-Luc Mélenchon sur la ruralité, prononcé le 1er février lors des Rencontres nationales des quartiers populaires à Toulouse. De la part d’un léniniste, on se doutait qu’il n’allait pas développer un amour charnel pour le monde paysan, que depuis Lénine les théoriciens de l’extrême-gauche considèrent comme contre-révolutionnaire. On n’a pas été déçu, et c’est vraiment très inquiétant.

Il parle en effet d’une « nouvelle France » à faire naître sur le monde rural en train de se vider de ses premiers acteurs, les paysans. Pétain employait à tout bout de champ l’expression France nouvelle, la différence est subtile.
Il parle d’une « ruralité qu’on nous jette à la figure qui n’existe pas… composée de ce rêve fou de Français de souche qui seraient là, restés comme sur une île. »
Pour Mélenchon la chose est entendue, cette ruralité-là est une « France du passé qui n’existe pas. » Qui doit être remplacé (je vous laisse regarder le discours) par les gens des « quartiers populaires » qui ont un peu réussi et cherchent forcément une maison, qu’ils peuvent trouver qu’à la campagne.
Que sont les quartiers populaires ? « … comme je le dis à chacun des jeunes gens que je croise, et dont je sais qu’ils sont nés comme moi au Maghreb, ou bien encore ailleurs, cette partie du pays est à nous ! C’est notre patrie, c’est notre pays ! C’est là que naîtront vos enfants, c’est là que naîtront vos petits-enfants ! » Dans le cerveau de Mélenchon, fils de pieds-noirs algériens né à Tanger, au Maroc, populaire est donc égale à Maghrébin. C’est tout.
Selon lui, le descendant d’un des pays du Maghreb est forcément un pauvre qui ne rêve que de s’endetter à vie pour s’acheter un pavillon à la campagne en profitant du vide laissé par la fin du monde paysan. En ne faisant aucun effort élémentaire comme tout un chacun pour s’adapter a minima aux us et coutumes locaux : non, pour Mélenchon la ruralité est un endroit unique situé autour des quartiers populaires, résumés au 93, un endroit hostile par définition.

Si cela avait été un facho de droite, la gauche aurait hurlé, accusé, porté plainte. Mais c’est un homme de gauche, paraît-il. Tout à leurs affaires électorales, la FNSEA et la coordination rurale, un peu occupées également à flinguer l’OFB, n’ont pas réagi. Pas plus que la confédération paysanne.

Mélenchon va à sa façon sur les traces de Zemmour. Il veut remplacer une France du passé par une autre, la sienne, celle qu’il a élue pour se faire élire. Lui le fils de colons n’en finit pas d’expier ses origines en conceptualisant désormais l’idée d’une colonisation interne des territoires laissés nus par le libéralisme. Une bonne façon d’allumer la mèche, mais après tout, c’est ce qu’il cherche.

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