L’idée à la con : L’Allemagne

Marianne TV Allemagne

Huitième chronique pour MarianneTV consacrée à l’Allemagne, ce pays devant lequel nous ne cessons jamais de nous excuser de l’avoir battu, en lui donnant tout ce qu’il veut.

En voici le texte (et la vidéo), mais comme on dit dans les cabinets ministériels, « seul le prononcé fait foi » :

Cette semaine, mesdames-messieurs, l’idée à la con, c’est l’Allemagne.

L’Allemagne, son pragmatisme, son industrie, ses saucisses, sa rigueur budgétaire, sa balance commerciale excédentaire et ses grosses voitures.

L’Allemagne est un modèle auquel toujours il faut se comparer.

En fait, non.

L’Allemagne, mesdames-messieurs, est un amie très hostile

Voyez la question de l’énergie.

L’Allemagne comme vous le savez est le paradis des écolos.

La preuve, elle a définitivement renoncé au nucléaire en fermant ses trois dernières centrales le samedi 15 avril.

Le nucléaire, vous comprenez, ça pollue, et c’est la bombe atomique, or l’Allemagne ne veut plus tuer personne et est un pays très propre.

En réalité, l’Allemagne est contre le nucléaire parce qu’il procure – parce qu’il procurait, un avantage à son seul concurrent, la France.

La France qui a su avec le nucléaire se rendre en partie indépendante des Etats-Unis en développant sa propre force de frappe, premier crime de lèse-germanie, et se rendre presque autonome en production d’électricité, un second crime.

Car voilà pour l’industrie française un avantage compétitif important par rapport à l’industrie allemande, vu que nos usines, enfin, ce qu’il en reste, ont longtemps payé leur électricité entre 1,5 et trois fois moins cher que les usines allemandes.

Une concurrence déloyale inacceptable.

Comment mesdames-messieurs l’Allemagne pouvait-elle accepter que la France ait encore un monopole d’État, EDF, alors qu’elle avait, elle, libéralisé à 100% avec 4 opérateurs ?

Il fallait donc faire rentrer les Français dans le rang.

Le travail de sape a commencé avec la libéralisation du marché de l’électricité, entérinée par le traité de Lisbonne en 2000, effective entre 2004 et 2007.

Ensuite, l’Europe – l’Allemagne, c’est la même chose, a menacé les industriels français de devoir lui rembourser la différence existant entre le tarif réglementé et le tarif de marché.

Aye.

Obéissante, la France a répondu par un chef-d’œuvre : pas de remboursement mais l’Accès régulé à l’électricité nucléaire historique, l’Arenh.

Lequel impose jusqu’en 2025 à EDF de céder 25% de sa production nucléaire à la concurrence, à un prix défini par arrêté, 42 euros, qui s’est révélé le plus souvent inférieur à ses coûts de revient – autour de 50 euros !

Autrement dit, EDF doit vendre à perte à ses concurrents une électricité très peu chère, produite à partir de centrales nucléaires amorties, payées par le contribuable français.

Et ce, à des concurrents qui sont juste des traders, qui ne produisent rien, et revendent bien plus cher cette électricité bon marché… sur le marché et parfois même… à EDF.

Lequel marché européen de l’électricité a été calculé de sorte que le prix du kWh est adossé au coût de production, du moyen de production utilisé lors des périodes de pointe, celui où tout le monde veut du courant.

C’est-à-dire les centrales à gaz et à charbon.

Ces centrales se retrouvent ainsi favorisées, et l’Allemagne, oh hasard, en a beaucoup et va en construire beaucoup entre son abandon du nucléaire et le développement des ENR.

Des centrales que les Allemands ont installé où ils voulaient, même à notre frontière, tout en hurlant parce que nos centrales – nucléaires – se trouvaient à leur frontière.

L’Allemagne a réussi : en obligeant ainsi EDF à subventionner de fait ses concurrents, EDF court à la ruine .

Et nous, Français un peu benêts, nous découvrons depuis la guerre en Ukraine, qu’avec tout cela le prix très bas de notre électricité nucléaire devient très haut car il est soumis aux évolutions du prix du gaz.

Ce n’était toutefois pas encore assez pour notre amie allemande.

Car l’Allemagne fait en ce moment tout ce qu’elle peut pour que Bruxelles refuse de considérer le nucléaire comme une énergie verte, et refuse également que l’hydrogène produit par le nucléaire soit lui aussi considéré comme vert.

À la clé, il y a les aides de l’Europe à la construction de moyens de production d’énergie, sans lesquelles il n’y a pas de prêts bancaires, nécessaires à la construction des éventuels EPR.

Bref, il faut que le nucléaire français disparaisse, pour que tourne pleinement l’éolienne allemande.

Enfin, peut-être pas.

Car en attendant qu’elle produise d’ici 2030 80% de son énergie avec du vent et du soleil, l’Allemagne va avoir besoin de gaz et de charbon.

Et d’électricité nucléaire… achetée à la France. Eh oui.

Appelons ça du cynisme.

Ou plutôt une défense résolue de l’industrie allemande.

Regardez, le report du vote du texte interdisant les véhicules thermiques en 2035, en Europe, obtenu par l’Allemagne.

Ses constructeurs veulent continuer à faire tourner leurs voitures avec du carburant de synthèse, mariage d’hydrogène vert (éoliennes, solaire) et de captage de CO2, carburant qui n’existe pas.

L’Allemagne règne, l’Allemagne décide, l’Allemagne s’impose à nos politique sans courage, serviles.

L’Allemagne, c’est vraiment une idée à la con.