Longtemps les sols ont été un impensé. Personne n’en parlait, on n’y faisait pas attention. Réduit à deux dimensions, le sol était une surface plane qui maintenait droit les plantes, et servait de réservoir sans fond à l’étalement urbain. La société française le considérait comme une sorte de manne divine, elle est en train de retomber sur terre : désormais, le sol inquiète, car on le découvre en quantité limitée, avec des qualités qui se perdent. À la faveur de la loi LAAF (loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt) de 2014 ou de la loi de reconquête de la biodiversité de 2017, il est enfin devenu un objet social. Et même un sujet politique, dont des élus se sont emparés pour asseoir leurs projets d’avenir. On entend maintenant dans des collectivités que la préservation des sols doit être le pilier de toute politique de planification… Les médias considèrent le sol pour ce qu’il est, un écosystème à part entière dont le bon fonctionnement influence la qualité de l’eau, la richesse de la biodiversité ou encore la résistance face aux aléas météorologiques. Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) a, en août 2019, consacré un travail entier à la capacité offerte par les sols de la planète pour nous adapter au changement climatique, si nous les travaillions mieux. Les temps changent. Preuve en est la journée que la DREAL Auvergne-Rhône-Alpes a consacré aux sols le 25 juin 2019, à la Préfecture de Région. La grande salle était pleine, des gens étaient debout. Ils n’ont pas été déçus… https://blogs.mediapart.fr/frederic-denhez/blog/181019/les-sols-enfin-consideres-comme-un-bien-commun-strategique