Il y avait une histoire, à Rouen. On y est habitué aux bûchers importants, c’est même la mémoire de flammes sacrées qui continue d’attirer les touristes jusqu’à la porte occidentale de la Normandie. Pourtant, la flambée de la nuit du 26 septembre a créé un grand effroi. Nul ne s’y attendait. Alors, on a pris peur, à Rouen ; on a tout de suite accusé et, depuis, on s’interroge encore. C’est que depuis la mort de Jeanne d’Arc, la population ne considère plus comme banale un grand brasier, qui plus est d’origine industrielle. Depuis la Pucelle, les choses ont changé. On n’accepte plus comme cela que des flammes immenses dérangent la nuit, que l’air empeste les chambres à coucher, que la gorge gratte au réveil et que la suie se dépose sur les gazons. On est en 2019 : on a beau vivre dans une ville industrielle, qui plus est portuaire – Rouen est le premier port céréalier de France –, on n’est plus fataliste comme avant. Quand une usine se fait manger par le feu, on se pose des questions et, quand on n’a pas de réponses, on tremble avant de réclamer très fort. Heureusement !… https://www.revue-etudes.com/article/rouen-comme-seveso-22252